mercredi 25 mars 2020

*197 - Genesis P-Orridge (1950-2020) part 1 : TG



01 - A Souvenir of Camber Sands (Live December 2004) Announcement - Throbbing Gristle (Industrial Records/Mute, 2004)
02- Godstar -  Psychic TV And The Angels Of Light (TOPY, 1985)
03- Early Worm (1968) - Genesis P-Orridge & Thee Early Worm (Dais Records, 2008)
04- Industrial Introduction - Throbbing Gristle - The Second Annual Report Of Throbbing Gristle (Industrial records, 1977)
05- Slug Bait (ICA) - Throbbing Gristle - The Second Annual Report (Industrial records, 1977)
06- John Peel Plays United - 23 Drifts To Guestling (Iham Products, 1983/2008)
07- U N I T E D - Karl Holmqvist - Hymn To Pan (Apparent Extent, 2011)
08- United - Throbbing Gristle (Industrial Records, 1978)
09- Adrenalin - Throbbing Gristle (Industrial Records, 1980)
10- Convincing People - Throbbing Gristle - 20 Jazz Funk Greats (Industrial Records, 1979)
11- Convincing People - Peaches - A Tribute To Genesis Breyer P-Orridge (Unknown Pleasures Records, 2018)
12- Something Came Over Me - Throbbing Gristle (Industrial Records, 1980)
13- Something Came Over Me (Live at the Grand Regency Ballroom, San Francisco, April 23, 2009) - Throbbing Gristle (archives.org, 2009)
14- Zyklon B Zombie - Throbbing Gristle (Industrial Records, 1978)
15- Zyklon B Zombie (Live at La Villette, Paris, 6th June 2008) - Throbbing Gristle - Thirty-Second Annual Report (Industrial Records, 2008)
16- Hamburger Lady - Throbbing Gristle - A Souvenir of Camber Sands : Live December 2004 (Industrial Records/Mute, 2004)
17- Hamburger Lady - Throbbing Gristle - D.o.A. The Third And Final Report (Industrial Records,1978)
18- Blood On The Floor - Throbbing Gristle  - D.o.A. The Third And Final Report (Industrial Records,1978)
19- Blood On The Floor - Impact Test - Entertainment Through Pain: A Tribute To Throbbing Gristle (RRRecords, 1995)
20- What A Day - Throbbing Gristle - 20 Jazz Funk Greats (Industrial Records, 1979)
21- What A Day (Live at Teatro Fonderie Limone, Turin, Italy, 29th June 2005) - Throbbing Gristle - Part Two - The Endless Not (Mute, 2007)
22- Interview with Genesis P-Orridge on Arena Radio Humberside by JIm Hawkins for Fanfare Arts Festival, January 6, 1973 - COUM Transmissions - Home Aged and the 18 Month Hope 1971-1973 (Dais Records, 2013)
23- Discipline (Live in Berlin, 07/11/1980) - Throbbing Gristle (Fetish Records, 1981)         
24- Voice Over - Genesis P-Orridge - The Last Testament (Fetish Records, 1983)
25- Discipline - Marc Almond & Friends (Flexipop, 1982)
26- Discipline - Psychic TV/PTV3 - Live At Thee Coral Room : NYC, December 05, 2003
27- E Plays His Favourite Track : Mumba - Genesis P-Orridge - 23 Drifts To Guestling (Iham Products, 1983/2008)
28- United - Sic Alps (Important Records, 2008)      
29- Persuasion U.S.A. - Throbbing Gristle - Mission Of Dead Souls: The Last Live Performance Of TG (Industrial Records, 1981)
30- Persuasion - Throbbing Gristle - 20 Jazz Funk Greats (Industrial Records, 1979)
31- Subhuman - Throbbing Gristle - Heathen Earth: The Live Sound of TG (Industrial Records, 1980)
32- We Hate You (Little Girls) - Throbbing Gristle (Sordide Sentimental, 1979)
33- The Old Man Smiled - Throbbing Gristle - Heathen Earth: The Live Sound of TG (Industrial Records, 1980)
34- La Ballade de l’Extase : Ma lettre à Marie Losier - David Legrand et Jules Kirmann - Jeu de Paume, Paris, 09 novembre 2019 (youtube)
35- United '94 - Psychic TV - Hex Sex: The Singles Pt. 1 (Cleopatra, 1994)
36- Crowd/Curtain Call - Throbbing Gristle - Live in San Francisco 23 Apr 2009 (archives.org, 2009)


C’était à la fin des années 80 ou au tout début des années 90, la fin des années collège, le début du lycée. Nous étions un tout petit groupe à Châteauroux, à s’échanger sous nos longs manteaux de batcave des compilations maison faites sur cassette, avec jaquette personnalisées, photocopies ou collages, la tracklist écrites à la machine à écrire ou de notre plus beau stylo-plume. Mon frère, douze ans plus vieux que moi, me permettait d’avoir une longueur d’avance sur toutes les musiques alternatives qu’on s ‘échangeait.
En fin de 3eme j’avais déjà une oreille aguerrie au punk, à la new wave et à la cold wave, je connaissais la discographie des Cure, des Pistols, des Béruriers noirs et de Joy division par coeur. Mon frère à ma demande me dupliquait du Virgin Prunes, du Marquis de Sade, du Cabaret Voltaire, du Death In June que je piochais dans ces vinyles, attirés par les pochettes ou les titres. Mais il y avait un groupe, au nom imprononçable et aux intitulés rebutants que je mettais systématiquement de côté.
Hérésie, A new Form of Beauty, Nada, A Sucked Orange, The Sylvie & Babs Hi-Fi Companion, ça me parlait, mais 2nd annual Report ? d’accord, mais il où le premier ? « Heathen Earth » ? c’est quoi cette pochette horrible et une compilation de 20 Jazz Funk Greats ?  Et ce type qui arbore un badge Abba ? Non, vraiment, c’était incompréhensible. Pas pour moi.
Puis un jour, sur une cassette, j’ai entendu Ov Power et United. Une voix de fausset d’adolescent m’aboyait dans les oreilles puis me susurrait des mots d’amours d’une simplicité et d’une évidence surprenante. C’était à la fois d’une violence hyper électronique et ultra punk. Des sons jamais entendus, et pourtant j’en avais entendu des trucs bizarres et non-conventionnels. Einstürzende Neubauten était passé par là.
Mais là, c’était autre chose. Mes repères vacillaient. Ça allait plus loin. Ce plus loin, c’était Chris Carter, Cosey Fanni-Tutti, Peter Christopherson et Genesis P-Orridge. C’était Throbbing Gristle, la bite turgescente en argot du nord de l’Angleterre, mais je ne l’ai su que bien plus tard. Un sentiment de désastre imminent, une énergie implacable mais la pointe d’humour anglais qui sauve le monde de la noirceur absolue. Cette voix si jeune et en même temps si menaçante, c’était celle de P-Orridge, né Neil Andrew Megson à Manchester le 22 février 1950 et morte Genesis Breyer P-Orridge le 14 mars 2020.
Oui morte, car entretemps, Genesis a décidé de devenir pandrogyne, d’assumer les deux sexes physiquement suite à sa relation amoureuse avec Lady Jay et sa décision d’être un à deux mais séparément. C’est pas simple, mais Genesis n’était pas simple.
Dès lors, Tg est devenu mon groupe culte. C’était ce que j’avais entendu de plus radicalement monstrueux, obscène, transgressif et enthousiasmant. Avec les copains de la classe prépa aux Beaux-arts, on s’amusait à hurler « We hate you little girls » dans les couloirs du lycée, à faire des reprises à la bouche de Godstar ou de Roman P. La porte obscure s’est ouverte : Coil, Chris & Cosey, PTV jusqu’en 1988, William Burroughs, Derek Jarman, le Spoken World, la poésie sonore, le cinéma expérimental et les musiques d’avant-garde. Tout ce qui constitue le fond de commerce de cette émission.
Genesis P-Orridge n’était pas un artiste, c’était un art total à lui tout seul. Musique, image, film, collages, oui. Son corps, aussi, qu’il avait commencé à mettre à l’épreuve à l’époque de Coum transmission au milan des années 70 dans le courant Fluxus et du Body art, mais sa vie, jusqu’à ses relations avec les autres était son oeuvre d’art, quoi qu’il en coûte, sans jamais aucun retour en arrière possible.
Donc Genesis est morte. J’ai eu la chance de l’approcher à la suite d’un concert au Lieu Unique. Le concert ne m’avait pas plu musicalement, mais Gen sur scène était magistrale. Grâce à Karim et Pierre, j’ai pu le rencontrer dans sa loge. Il était vieux et fatigué, mais il avait un regard hyper intense. Il nous a reçu avec une grande gentillesse et douceur. On a échangé quelques mots sur la littérature et la complexité de langue française. Signature. Photo. Bye.
Le Genesis de mon adolescence est une sorte de super-héros, mais j’ai fini par ne plus le suivre dans sa période Acid et encore moins dans la version rock psychédélique du dernier Psychic TV. Je l’ai retrouvé avec le film de Marie Losier « La Balalde de Gen & Lady Jay », puis dans la reformation de TG, avant qu’il ne claque la porte une dernière fois. Le livre de Cosey a fini par détruire la statue du commandeur. N’empêche, Genesis P-Orridge est de ces artistes fondamentaux qui ont contribuer à fabriquer mon imaginaire sonore et ma culture littéraire.
Ce soir, ce sera une spéciale TG, après avoir commencé avec Godstar de Psychic Tv et parlé sur un enregistrement de Coum transmission. On fera cohabiter les Genesis P-Orridge des années 70 avec celui des années 2000, on superposera les originaux et les reprises et on fera un coucou à Marie Losier.
Merci Gen, Love is the Law. 

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